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« Un homme qui reste un homme, mais qui se transcende lui-même en déployant de nouveaux possibles de et pour sa nature humaine » -Julian Huxley.

Le transhumanisme est un courant culturel international qui vise à l’amélioration de l’homme sur l’homme par l’utilisation de technologies et de la science. Il existe des similitudes entre ce mouvement et celui de l’humanisme : tous deux s’inscrivent dans une volonté de progrès et de valorisation de l’espèce humaine par le biais de la raison et de la science. Dans la condition humaine, le transhumaniste cherche à minimiser, voire éliminer, ce qu’il juge indésirable (le handicap, la souffrance, la mort) et améliorer les capacités intellectuelles ou physiques. Cependant, il ne s’agit pas de jouer à l’apprenti sorcier, l’étude préalable des bénéfices, des dangers est réalisée et la dimension éthique est prise en considération. Le transhumanisme divise : certains le perçoivent comme dangereux, car la possibilité d’un nouvel eugénisme n’est pas exclue, d’autres comme une suite logique et nécessaire à l’évolution de l’homme pouvant passer par l’hybridation homme-machine.

Illustration: Chloé Ronjon

Terminator serait-il (re)venu ?

Les préoccupations transhumanistes ne sont pas nouvelles, repousser la mort par exemple. Seulement, depuis l’Antiquité, ces questionnements appartenaient aux domaines philosophique ou religieux. Les progrès en biologie, nanotechnologie et robotique permettent de penser « l’homme 3.0 » d’après Ray Kurzweil, une figure de ce courant. De très nombreuses applications sont évoquées et presque toutes suscitent des débats éthiques. La frontière entre la thérapeutique et les questions transhumanistes est relativement floues.

Par exemple, nous pouvons citer l’implantation de puce électronique sous cutanée. Il existe un aspect thérapeutique certain, par exemple dans le cas d’une maladie génétique dégénérative : la rétinite pigmentaire. Cette maladie provoque la perte progressive de la vue jusqu’à l’aveuglement total de l’individu. En 2015, une firme allemande publie, dans la revue Vision Research, les résultats cliniques de leur implant sous-rétinien testé sur 29 malades. Grâce à cette technologie, les patients, y compris ceux en stade tardif de la maladie, ont constaté une amélioration de leurs capacités visuelles. A contrario, il existe aussi des visées non thérapeutiques à ces puces. Depuis 2015, des Implant party ont vu le jour en Europe. Contre une certaine somme et une intervention réalisée par un perceur professionnel, il est possible de se faire implanter une puce RFID sur le dos de la main. Ainsi, cela permet l’interaction avec l’environnement adapté d’un simple contact : déverrouiller son smartphone ou sa porte d’entrée, prendre les transports… Autre révolution récente très prometteuse : CRISP-Cas9 ou le « ciseau à ADN ». Grâce à ce procédé, il est possible de modifier génétiquement un individu de manière très ciblée et bien peu coûteuses en comparaison des technologies antérieures. C’est dans ces optiques que les termes de « cyborg » ou plus généralement « d’humain augmenté » sont alors employés.

Un appui institutionnel au transhumanisme

Au cours du XXème siècle, en Europe, les courant transhumanistes prennent leur essor. Leur développement diffère cependant selon les pays. Des associations transhumanistes voient le jour au Royaume Unis (UK Transhumanist Association), aux Etats-Unis et en France (Technoprog). Ces associations, dans un premier temps, invitent à une réflexion sur ce courant. Par exemple, le forum de discussion créé par J. Roduit, docteur en droit et éthique biomédicale à l’Université de Zurich, permet l’expression de tout point de vue concernant « les conséquences socio éthiques de l’utilisation des technologies émergentes et futures sur l’être humain ». En France, la Fondation FTSL diffuse les questionnements concernant la possible influence des technologies sur l’individu mais aussi plus largement sur les sociétés humaines. La présence d’une intelligence artificielle, en soutien, pour une meilleure gestion politique concernant les ressources est proposée.

De part la composante scientifique du mouvement transhumaniste, les institutions ont aussi leur rôle à jouer. Le recours au Big data, entre autre pour le développement d’intelligences artificielles, implique les géants comme Google qui finance certaines recherches. Il existe aussi des recherches pouvant présenter des points communs avec le mouvement transhumaniste, sans que les laboratoires le revendique. Pour donner un exemple, le développement de pacemakers peut répondre à la vision de l’homme augmenté. Le transhumanisme n’est pas un mouvement politique à proprement parlé. Cependant, des transhumanistes ancrent leur idéologie dans un cadre politisé.  On repère plusieurs courants avec des visées sensiblement différentes. Pour en citer quelques-unes : le transhumanisme démocratique libéral, le transhumanisme fasciste et celui démocratique radical. Le transhumanisme touche d’une certaine manière des domaines où les enjeux politiques sont bel et bien présents. Par exemple, dans le domaine militaire et celui de la conquête spatiale où l’appui de la technologie pour rendre l’être humain plus résistant et plus fort est d’ores et déjà utilisé.

Do it yourself, les dérives d’un biohacking

Illustration: TheDigitalArtist

Le bio hacking est un mouvement récent qui prône la liberté d’augmenter ses capacités physiques et cognitives, par le biais d’une « biologie participative ». Il n’entre pas dans le cadre de laboratoires ou d’entreprises, leur légitimité n’est donc pas assurée. Certains groupes produisent des connaissances scientifiques ou développent des entreprises en free-lance. Le bio hacking soulève cependant des problèmes éthiques dans la mesure où il s’agit souvent d’une « biologie de garage », hors laboratoire. La revendication du « do it yourself », expression issue du milieu informatique, est appliquée cette fois au vivant comme désignant « un bidouillage du génome ». L’expérimentation humaine en laboratoire étant strictement réglementée, le bio hacking relève souvent de l’auto expérimentation ou sur la base du volontariat. Par exemple, en 2017, un bio hacker américain J.Zayner utilise la technologie CRISP-Cas9 sur lui-même afin de montrer qu’elle peut être accessible au plus grand nombre. Un autre bio hacker, à la recherche d’une vision nocturne, s’est fait injecter une solution photo sensibilisatrice dans les deux yeux. Sa sensibilité à la lumière s’est vue augmentée temporairement mais la dangerosité du produit n’était pas connue.

Nous pouvons aisément, et c’est ce qui inquiète, imaginer les écarts possibles rendus possible par la disponibilité à l’achat en ligne de kit CRISP-Cas9 ou de plusieurs expérimentations non contrôlées à plus grande échelle. Par le biais d’implants, de modifications génétiques, d’une hybridation toujours plus poussée entre homme et l’artificiel … jusqu’où pouvons nous être humains ?

Références:

Aubert, H. (2011). RFID technology for human implant devices. Comptes Rendus Physique, 12(7), 675‑683.

Body hackers : ce sont les pirates du corps humain. (s. d.). Consulté 1 juin 2019, à l’adresse Sciences et Avenir website: https://www.sciencesetavenir.fr/sante/les-body-hackers-pirates-du-corps-humain_19907

FERRY, L. (2016). La révolution transhumaniste. Place des éditeurs.

Jousset-Couturier, B. (2016). Le transhumanisme. Editions Eyrolles.

La politique du transhumanisme. (2018, avril 8). Consulté 1 juin 2019, à l’adresse Transhumanisme et Intelligence Artificielle website: https://iatranshumanisme.com/transhumanisme/politique-transhumanisme-james-hughes/

Les humains, ces «transhumains»? Le débat interdit. (2015, juin 23). Consulté 1 juin 2019, à l’adresse FIGARO website: http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2015/06/23/31001-20150623ARTFIG00302-les-humains-ces-transhumains-le-debat-interdit.php

Les plus grandes acquisitions de Google. (2018, avril 25). Consulté 1 juin 2019, à l’adresse Transhumanisme et Intelligence Artificielle website: https://iatranshumanisme.com/transhumanisme/les-plus-grandes-acquisitions-de-google/

Un biohacker s’injecte un liquide dans les yeux pour voir dans le noir – Sciences et Avenir. (s. d.). Consulté 1 juin 2019, à l’adresse https://www.sciencesetavenir.fr/sante/un-biohacker-s-injecte-un-liquide-dans-les-yeux-pour-voir-dans-le-noir_19906

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